C’est le début de l’été, les examens sont enfin terminés. Mais retournons dans cette période pour le bien de l’exercice.
Imagine-toi être dans la peau d’un élève (on va l’appeler Christophe). L’élève voit ses prochains jours comme une montagne à escalader. Christophe veut réussir. Il n’a pas d’autre choix. Ses parents sont tellement fiers de ses résultats scolaires ! Ils en parlent à tout le monde. - «Christophe, c’est le meilleur de sa classe!» - «Notre fils est si intelligent qu’il pourra aller dans toutes les plus grandes universités du monde!» - «Christophe a TOUJOURS 100 %, c’est un génie.» Christophe est aussi le modèle de ses petits frères. Il ne peut juste pas décevoir sa famille. La semaine avant ses évaluations, il commence à avoir des maux de ventre, des maux de tête et des tensions musculaires inexplicables. Pourtant, il n’est jamais malade ! Ça ne peut pas être ça ! Un matin, Christophe se lève, épuisé. Il a fait des cauchemars toute la nuit. Dans un de ses rêves, il reçoit sa note de mathématiques et il a zéro. Il se réveille en hurlant ! Est-ce vraiment arrivé ? A-t-il vraiment eu zéro ? Le cœur de Christophe bat à la chamaille. Il regarde l’heure. Il doit s’habiller sinon il sera en retard pour son test. Pis là, il aura zéro pour vrai. Tout le long de la route en bus, il révise. Il ne se souvient de rien ! Les larmes lui montent aux yeux. Sa vie est finie, il va pocher. La réalité, c’est que Christophe a peur. Il ne se contrôle plus. Son cerveau est en mode survie, ce qui lui donne l’impression de ne plus rien comprendre. Il étudie depuis des semaines. Christophe vit avec de l’anxiété de performance. Imagine cette fois, Sara. Une jeune trentenaire qui a enfin trouvé l’emploi de ses rêves. Celui qui la fait sentir compétente, celui qui la remplit. Après les 3 mois de probation, Sara commence à avoir les blues du dimanche. Ceux qui lui font anticiper les lundis matin. - "Mais voyons! Pourquoi j’ai une boule dans l’estomac à l’idée d’aller travailler demain? Je l’aime ma job!" Sara a de gros défis à son travail. Elle a de lourdes responsabilités. Son patron compte sur elle. Il lui a dit au moins 3 fois cette semaine : - "Sara, je sais que tu seras en mesure de faire de l’excellent boulot avec ce client!" - "La compagnie compte sur toi Sara! Tu auras ma reconnaissance éternelle!" - "Il nous faut ce contrat! Les finances de la compagnie en dépendent." Sans elle, est-ce la fin de l’entreprise ? Elle travaille alors, d’arrache-pied pour être prête pour cette fameuse rencontre. Elle quitte à des heures pas possibles et ne dors même pas 5 heures par nuit. - «Je dormirai lorsque ce sera dans la poche!» Le jour fatidique arrive. Sara choisit judicieusement ses vêtements et s’assure d’avoir les cheveux et le maquillage impeccables. Sara prend son fer plat et commence à trembler. Elle se dit que le café en est surement la cause ! Mais les troubles intestinaux et la transpiration excessive se mettent de la partie. - «J’y arriverai jamais! Je me ferai montrer la porte!» - «Je serai plus capable de me trouver de boulot, je vais être barrée partout!» - «Le client rira de moi et me trouvera vraiment imbécile.» Sara se rabaisse. Sara a une peur intense d’échouer. Elle sent qu’elle n’a aucun contrôle sur la suite. Et pourtant, elle connait son dossier sous le bout de ses doigts. Sara vit de l’anxiété de performance. Ce phénomène n’est pas seulement relié à la performance scolaire ou professionnelle. Voici un 3e exemple. Julie est une enseignante respectée. Elle adore son travail et chaque jour est un plaisir. Julie est mariée à un gars de la construction qui n’a pas eu beaucoup de contrats cet hiver. Il a eu plusieurs chèques d’assurance-emploi. Le couple à 3 enfants en bas de 15 ans. Grâce à sa profession, Julie est en vacances l’été. Elle garde ses jeunes avec elle. - «Maman! Romain et sa famille s’en vont au Portugal cet été! Ils sont ben chanceux!» - «Maman! Mon amie Isabelle part tout l’été dans un chalet à Tremblant! Je les envie!» - «Maman! Ma chum Karine va voir Backstreet Boys à Las Vagas avec sa mère! Pourquoi pas nous?» Julie est bombardée par ses enfants et par les réseaux sociaux. Tout le monde a des vacances si extraordinaires ! Pendant qu’elle, reste à la maison à profiter de sa piscine et de ses livres de lecture. Julie ne sait plus quoi dire à ses enfants. Cette année, les finances sont plus difficiles, c’est vrai, mais aussi, que vont penser les autres ? Qu’elle ne peut se payer ce genre de voyage ? Que sa famille est moins bien ! Comment va-t-elle passer à travers l’été sans se culpabiliser ? Julie vit l’anxiété de performer son été. Donc, sache que l’anxiété de performance a plusieurs facettes. Elle peut être destructrice pour l’estime de soi et pour le bien-être général. Si tu le vis, sous quelques formes que ce soit, parles-en ! Il y a de bons moyens pour te sortir de ce cercle vicieux.
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L’amour que l’on porte à soi-même est une chose que l’on aspire toute une vie. Pour certains, c’est une évidence et pour d’autre, une vraie quête. Qu’est-ce qui détermine ce degré d’affection envers soi ? Comment peut-on avoir autant d’écart entre nous à ce sujet ? L’humain arrive sur terre et n’est en rien capable de vivre sans son donneur de soins. Il doit avoir quelqu’un pour le nourrir, le changer et l’endormir. Il doit aussi ressentir l’amour pour favoriser son plein potentiel développemental. Chaque petite attention et chaque petite marque d’affection des parents renforcit l’amour de soi. Lorsque le bébé pleure et que l’adulte répond à son besoin, le lien d’attachement sécurisant s’installe. La relation débute donc, sur de bonnes bases. L’image positive de soi est alors en voie de construction. L’enfant grandit. Il commence à expérimenter de plus en plus de choses. Certaines seront hyper positives et d’autres seront des échecs. Ce qui est important pour lui, c’est d’explorer, de vivre des sensations nouvelles, de connaître différents trucs par le jeu idéalement. L’encouragement de la figure sécurisante fera toute la différence. Il se sentira valide, reconnu et entendu. Il est nécessaire de faire vivre des réussites à l’enfant, mais aussi de ne pas pallier ses échecs. Pour renforcir l’estime de soi, l’enfant doit apprendre de ses erreurs et comprendre qu’il ne peut pas tout réussir du premier coup. Il doit croire en son potentiel de réussite et en sa persévérance. L’enfant devient adolescent. Ses pairs deviennent sa référence. L’amour qu’il se porte dépend du regard des autres. Il commence à se comparer, à vouloir être comme tout le monde, se fondre dans cette masse d’individus semblable. Il veut faire partie de la gang ! L’estime est fragile. Un souffle et elle s’effondre. Le parent discrètement rallume cet amour en étant présent pour lui. La figure sécurisante est là, au cas où, toujours. L’ado va prendre des décisions qui ne font pas toujours de sens, mais s’il se sent valide, il aura confiance en lui. Il est dans une phase où il se demande trop souvent « qui suis-je ? » « qu’est-ce que je veux faire de ma vie ? » Aidons-les à réfléchir en leur reflétant leurs compétences acquises. Avancer en ayant pris soi-même des décisions augmente l’amour de soi. Les études sont terminées, la vie d’adulte débute. Travailler dans ce qui lui fait sentir bon, avoir des amis sur qui il peut compter sont des éléments qui intensifient l’amour de soi. Se sentir utile, rendre les autres heureux devient alors un moteur pour s’aimer encore plus. Et à son tour, il deviendra un parent sécurisant. S’aimer assez, c’est une belle façon de briser le cycle des troubles de l’attachement. |
Alexandra Loiselle-GouletT.E.S | Auteure | conférencière | Rédactrice Archives |